10/10/2024

De la survie?…

Une fois incarcérée, il ne lui faudra pas longtemps pour perdre ses repères. Pour assurer sa sécurité elle se mêlera à un « clan », de même culture, même langage, afin d’être « instruite » des comportements à tenir, des règlements, des attaques dues aux jalousies ou autres. A part la promenade quotidienne, les visites (rares), l’avocat ou une formation, le temps passe en cellule, parfois seule, ou avec une codétenue, dans 9 m2. La routine devient elle-même perverse, puisqu’elle incite à ne plus prendre d’initiative, à ne plus s’intéresser aux autres, au monde.

“ Et si on est rentré en prison, c’est parce qu’on a enlevé les mots « confiance » et « amour ». C’est ces deux mots-là qui nous ont menés à la prison […] “ J’ai rencontré des femmes qui ont tellement été face à la violence qu’elles n’arrivent plus à voir la limite. Elles peuvent peut-être faire des choses que les gens communs ne comprendraient pas, mais elles, c’est tout ce qu’elles ont connu depuis leur enfance. Elles se mettent perpétuellement en danger puisque depuis l’enfance on les a mis en danger. […] C’est une boucle infernale […] La prison, c’est le début d’un enfer que certaines connaissaient déjà. C’est pire ”. (témoignages détenues de prison, édités en 2021, « rapport sur la prison » Secours Catholique)

Alors, à quoi s’accrocher pour apprendre à espérer, pour vouloir s’en sortir?

A chaque sortie des animations auprès de nos élèves à Fresnes, nous ressentons la même émotion mêlée de sidération. Rares, très rares sont celles qui ont déjà pratiqué le tricot ou crochet, ou, alors, un peu pendant leur enfance. C’est donc perplexes et intimidées, qu’elles empoignent les outils.

Elles comprennent vite, commencent à se sentir bien, et emportent leur ouvrage en cellule, avec la promesse d’y travailler pendant la semaine. Et c’est vrai, souvent avec un sans faute! Nous ne rencontrons pas ces résultats autre part, ce qui me laisse à penser, que là, c’est uniquement une question de survie.

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