Quelle question ! Tout le monde sait ce qu’est Curie !
Ben non. Beaucoup ne le savent pas.
Pour diverses raisons et parce que le hasard n’a pas voulu les informer, même à coup de documentaires, d’événements, d’articles… Beaucoup restent dans l’ignorance, d’autant qu’il n’y a pas de raison qu’ils s’y intéressent, puisque personne autour d’eux n’a eu l’obligation d’y aller.
Alors, quand de très jeunes parents s’inquiètent d’un « truc pas normal » sur une de leurs petites jumelles, et qu’après quelques passages à l’hôpital du coin, le médecin leur conseille de monter à Paris, pour se rendre à Curie, ils ne comprennent pas du tout. Si ce médecin avait eu un tantinet de courage, mais surtout de l’empathie, il aurait dû en préciser la raison, avec douceur, même tout en restant vague, mais il était de son devoir de les avertir.
– Nous avons un doute, et nous préférons que ce soit à Curie de le vérifier.
– Mais c’est quoi Curie, Docteur ?
– Un des plus grands centres au monde en cancérologie, réputé pour ses recherches et ses thérapies.
Certes, il aurait eu à subir des larmes, des questions gênantes et angoissées, mais au moins, avec un peu de compassion, il les préparait à de longs mois de combat.
Tout en étant jeunes, ils n’en sont pas idiots pour autant, et ont fait quelques recherches sur internet, et c’est là que le déni, plus fort que la raison, y a posé son voile. Cancérologie ? Pas chez nous, y’a jamais eu de cancer, c’est seulement un contrôle pour nous confirmer que ce n’est pas ça. Convaincus, ils partent avec quelques biberons en réserve en laissant le chien à la maison puisqu’ils vont rentrer ce soir.
Curie est vaste, et on se paume toujours dans le dédale des couloirs avant d’arriver en pédiatrie. En attendant son tour, on reste éberlué devant les enfants qui déambulent chauves, branchés à leur chariot de chimio. Sacrée ambiance, et le malaise avec l’angoisse commencent à vous bouffer.
Mais pourquoi veulent ils ausculter les deux, puisqu’il n’y a qu’un « truc pas normal» sur l’une ? Le verdict tombe. Le bloc opératoire, puis la chambre pour les 2 bébés et les jeunes parents anéantis. Un zeste d’énergie pour trouver quelqu’un qui puisse s’occuper du chien, puis le blackout…
Certes ils ont trouvé l’efficacité, l’entourage tendre du staff médical, mais si le déni n’a plus sa place, il reste maintenant le traumatisme à vie.
Si ce médecin avait eu un minimum de bienveillance, le drame n’aurait pas été évité, mais ces jeunes parents, pour qui l’avenir n’était que prometteur auraient commencé à s’y préparer…
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