Véronique, enseignante

Tous se doutent bien qu’une prison ne manque pas de murs élevés, de fils barbelés, de portes et vitres blindées, de rayons X, et d’une multitude de surveillants et de policiers de la Sécurité.

Tous entendraient ce bruit qui n’existe que là, la résonnance des voix à l’appel, les clés, les grilles rouillées qui s’ouvrent et se ferment tout de suite après votre passage… Tous observeraient médusés ce long couloir occupé de cellules de chaque côté sur une hauteur de plusieurs étages, sécurisée par un filet.

Mais si on fait fi de tout ce décor, une fois arrivé dans une petite salle aux grandes fenêtres avec barreaux, le piano de Barbara à l’entrée, (son cadeau lors d’un concert), on l’oublie, pour recevoir avec impatience, 15 élèves. Quinze femmes, venant de tout azimut, qui ne parlent pas la même langue, et en majorité jeunes.

Bien sûr, la discipline règne, mais là encore, ce sont deux heures et demie de bien-être, de grande rigolade, comme de concentration. Les surveillants ne sont pas présents, une petite liberté entre femmes.

Elles ne savent pas tricoter ou crocheter, elles attendent leur tour, et si au début c’était très hésitant, de pouvoir continuer seule en cellule, leur permet de déplacer leur angoisse, leur sens profond de culpabilité, parfois leur envie suicidaire, pour résoudre les premières difficultés de cette technique.

Ce sont des femmes, qui, une fois mises en confiance, sont drôles, pertinentes et tendres. Fières des accessoires tricotés pour leurs enfants. Un but, une détermination, la fantaisie, un joli cocktail pour aller de l’avant, et retrouver le sourire.

Le résultat ? Une franche amitié avec certaines des élèves, et qui perdure depuis leur sortie en continuant des rencontres sur une terrasse de café.
Mais surtout, un moment toujours attendu chaque semaine, le petit sac de tricot en main !

Plus de complicité et de respect entre elles, plus d’empathie, de curiosité, de self contrôle et même chez certaines, le projet d’en faire un métier !

Ce n’est pas rien quant on pense que tout est parti d’un bout de fil !

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